Auteur : Joe Lansdale (Etats-Unis)
Titre : Sur la ligne noire
Editions : Folio policier
Paru en 2003 pour la VO
Joe Lansdale est un romancier américain qui a publié plusieurs livres de grande qualité. On retiendra « Les marécages » et « Juillet de sang ».
Dans les années 50 au Texas, une petite ville du nom de Dewmont croule sous la chaleur. Parmi les quelques âmes se trouvent une poignée de nantis qui contrôlent en grande partie ce modeste territoire.
Stanley, un adolescent de treize ans, vit chez ses parents à côté du drive-in : un cinéma en plein air racheté par son père. Le soir, un ou deux films sont projetés à la tombée de la nuit. C’est un vieillard noir de plus de soixante dix ans qui en est le projectionniste.
La famille a engagé aussi Rosy Mae comme domestique, une vieille femme noire battu par son compagnon. Rosy Mae s'installe dans leur domicile afin d'être protégée de cette brute. Son père accepte sa présence à la maison tant qu’elle est dans son rôle, mais ne fréquente aucune personne « de couleur ». C’est mal vu par la population blanche de les traiter d’égal à égal.
Stanley va régulièrement dans la forêt qui jouxte leur demeure. Là il s’aventure accompagné de son fidèle compagnon, son chien Nub. En jouant avec l’animal, il heurte quelque chose enterré : une boîte métallique. Dedans ? Des correspondances amoureuses entre J. et M. Cette boîte se trouve exactement à l’emplacement de l’ancienne maison des Stilwind. L’habitation a brûlé. Jewel Ellen, une des filles, est morte dans l’incendie. Le même jour, une autre fille, Margret Wood, a été assassiné. On raconte que son corps a été installé sur la voie de chemin de fer afin que le train sectionne sa tête. Cette tête n’a, au demeurant, jamais été retrouvée. Des rumeurs circulent sur cette affaire. Son fantôme sortirait la nuit pour retrouver sa tête.
L'adolescent décortique avec sa sœur Callie le contenu des lettres. Ils supposent que le M. des lettres est celui de Margret. Reste à trouver qui est J. Et découvrir si c’est lui l’auteur de ce double homicide, bien que rien ne prouve que l’incendie était volontaire. Stanley mène sa propre enquête pour pimenter son quotidien et laisser libre court à son imagination. Il sera aidé par sa sœur et surtout par Buster, le vieil alcoolique au caractère de cochon avec lequel il se liera d’amitié.
L’ambiance est assez proche du brillant « Les marécages ». On retrouve les enfants adolescents ; un chien qui accompagne Stanley dans tous ses déplacements ou presque ; la chaleur omniprésente ; la forêt qui devient, la nuit, dangereuse et lugubre. Beaucoup de personnages et de vies se croisent dans ce récit. Les noirs sont victimes de la discrimination raciale. Cependant, plus le récit avance, plus la place des deux noirs liés à la famille (le projectionniste Buster et la domestique Rosy Mae) est « respectable ». Rosy donnera même à quelques occasions des ordres au père de Stanley, ce qui est loin d’être anodin vu la considération qu’il porte aux nègres comme il les appelle.
Dans ce bled paumé, la misère humaine étale ses vomissures. Ravages de l’alcool, femmes battues et violées, empoignades diverses. Le mal semble inhérent à l’espèce humaine, et comme dans « Les marécages », cette rage peut éclater là où on ne l’attend pas.
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