lundi 6 juin 2011

Marketing viral - Marin Ledun

Titre : Marketing viral 
Auteur : Marin Ledun 
Paru en 2008 aux éditions Au diable vauvert 


Marin Ledun est âgé de 35 ans. Il est chercheur en sciences sociales et technologies de l’information. Son troisième roman, « Zone est », vient de paraître, et le quatrième « Les visages écrasés » pointe déjà le bout de son nez. 


« Le marketing est maintenant l’instrument du contrôle social, et forme la race impudente de nos maîtres » (Gilles Deleuze, cité par Marin Ledun). 

Maître de conférences dans une université de Grenoble, Nathan travaille avec plusieurs étudiants sur la sexualité. Des étudiants mettent la main sur un article suspect qui parle des « motivations anthropologiques des femmes dans la société numérique ». Via des implants électroniques, la fertilité des femmes serait contrôlée par des systèmes biotechnologiques, ainsi que la maîtrise des pulsions sexuelles et de survie. Peu de temps après leurs recherches pour remonter à la source, deux étudiants sont sauvagement assassinés. L’avertissement est de taille, certes, mais n’empêchera pas Nathan et ses compagnons de rendre une petite visite à Cérimex. Très vite, le comportement étrange des employés confirme leurs soupçons. Mais n’est-il pas déjà trop tard ? 


« Marketing viral » aborde le sujet des nanotechnologies et de leurs dangerosités si celles-ci sont expérimentées par des esprits malsains. Sous couvert du transhumanisme (améliorer l’espèce humaine via le progrès), ils prennent des cobayes humains comme laboratoire de leurs recherches. Qu’espèrent-ils en obtenir ? Ni plus ni moins que la maîtrise des pulsions psychiques de l’Homme. 
Le récit appuie beaucoup sur la dimension psychologique des personnages. En particulier celle de Jézabel (13 ans), que son père retient prisonnière dans sa chambre. Cet « homme-en-gris » la « démoralise, tant par la consistance de son corps que par sa seule présence ». Ce prénom n’est d’ailleurs pas anodin. Il renvoi à l’Ancien testament et au Tanakh (la Bible hébraïque). De même, la tête pensante des savants fous a un lien avec Baal-Berith. Dans la démonologie chrétienne, il était le secrétaire en chef de l’enfer et avait influencé les hommes à la tentation du blasphème et du meurtre. Heureusement, ces passages un brin fumeux ne s’éternisent pas. On regrettera également que le côté « cavale sans issue » prenne le pas sur la réflexion, ce qui aurait donné une dimension toute autre au récit. 
En complément du livre, nous vous recommandons la lecture de « RFID : Police totale, puces intelligentes et mouchardage électronique » aux éditions L’échappée. Petit ouvrage avec une orientation résolument négative. Toutefois, le lecteur sera à-même de faire preuve de discernement. 

« Marketing viral » nous laisse au final un sentiment mitigé. On oscille entre d’un côté l’efficacité de l’écriture, des personnages fouillés, une intrigue qui tient la route et de l’autre, une dérive mystique qui sent le déjà vu à plein nez et le thème des nanotechnologies quelque peu délaissé au profit de l’action pure. Il va donc être intéressant de surveiller ses autres productions pour confirmer (ou pas) nos attentes le concernant.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire