lundi 6 juin 2011

Fuck America - Edgar Hilsenrath

Titre : Fuck America 
Auteur : Edgar HILSENRATH (Allemagne) 
Parution : mars 2009 
Editions Attila 


Les éditions Attila aiment creuser dans les marges. Donner vie à des œuvres injustement oubliées ou tout simplement ignorées. Sur trois années, Attila va mettre en lumière un écrivain allemand (entre autres parmi leurs titres à venir) à l’humour décapant sur un fond qui a tristement marqué l’Histoire : le nazisme, et vous l’aurez compris son auteur. En effet,Fuck America est (je cite l’auteur p61) « une sorte de roman basé sur des faits réels, bien qu’il faille parfois prendre quelques libertés avec la réalité pour mieux la saisir ». 



Le narrateur émigre aux Etats-Unis au début des années 50. C’est un juif allemand d’une quarantaine d’années dénommé Jakob Bronsky. Il enchaîne les jobs minables, qu’il n’arrive bien souvent pas à honorer compte tenu de sa relative incompétence. La nuit il travaille à son roman qui s’appellera : LE BRANLEUR… 





Fuck America est une plongée en enfer. En enfer quotidien. Misère sociale, précarité, prostitution, etc. Bronsky est complètement perdu dans une culture qu’il ne connaît pas. A plusieurs reprises, différents interlocuteurs lui font remarquer qu’il n’est pas d’ici. A la recherche de points de repères qu’il ne semble jamais trouver, il se réfugie dans l’écriture. C’est peut-être ce qui le maintient à la surface. Il cherche des jobs pour survivre mais également pour pouvoir terminer son livre, la nuit. Les dialogues sont vifs, très courts et totalement déjantés. C’est un vrai bonheur de lecture. Mais derrière cet humour cinglant se dissimule une blessure profonde. Il s’agit ici d’une opération à cœur ouvert. Le virage est poignant lorsque dans les 50 dernières pages Hilsenrath abandonne le ton désinvolte pour aborder le sujet du nazisme dont lui et sa famille (et tant d’autres cela va sans dire) ont personnellement été impliqués. 


Fuck America m’a fait découvrir un brillant auteur, capable d’associer un sujet douloureux tout en évoquant le parcours d’un loser aux Etats-Unis avec des répliques qui font mouche. Vivement la traduction de Nacht et de Le nazi et le barbier.

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