lundi 6 juin 2011

Soeur Onden - Pierre Bordage

Soeur Ynolde de Pierre Bordage

[La Fraternité du Panca - Tome 2]

ED. L’ATALANTE, NOV. 2008


Sœur Ynolde est la suite de Frère Ewen, qui ouvrait le bal de fort belle manière, pour un nouveau Cycle d’opéra de l’espace annoncé en cinq tomes. Ce deuxième volume souffre de quelques défauts qui font que l’on en retient un sentiment mitigé.

Souvenez-vous ! L’humanité est en grand danger. Une menace [laquelle ?] pèse sur l’ensemble des êtres vivants. La Fraternité du Panca, constituée de cinq individus, doit être réunit pour éviter le pire. Sœur Ynolde, le deuxième maillon de la chaîne, a pour mission de se rendre sur le système de Tau du Kolpter afin d’identifier le troisième frère. Là bas, celle-ci lui transmettra son amna [mémoire artificielle insérée dans son vortex] et son implant, ainsi que ceux de son père - le frère Ewen.
Ailleurs, sur la planète Jnandir, les Thanaüm [assassins professionnels] envoient leurs apprentis au quatre coin de la galaxie. En effet, leur grand maître a reçu une mission de la plus haute importance. Ils sont contraints de se lier avec les peu recommandables hommes du Sât [les guerriers nus] dans le but de lutter contre un ennemi commun : « La Fraternité du Panca ». Silf est l’un d’eux. Sa destination ? Le système de Tau...

La première moitié du livre ne m’a guère convaincu. Précisons que Bordage conserve toujours l’alternance des chapitres : l’on suit Sœur Ynolde, puis Silf, uis Ynolde... et ainsi de suite. Ce n’est pas dérangeant, au contraire. En revanche, l’ennui et - plus regrettable - l’indifférence m’ont parfois accompagné tout au long de ces pages.
Car le lecteur comprend d’emblée que Ynolde et Silf sont les personnages centraux du récit. Par conséquent, même si chacun doit faire face à des ennemis, on imagine mal la faucheuse venir leur servir le thé. De plus, il s’avère inimaginable de voir subrepticement l’un des frères du Panca décéder avant d’avoir transmis implants et amnas au suivant, ce qui signifierait que la chaîne pancatvique ne pourrait se reconstruire... tout du moins pas avant des dizaines d’années, et il serait alors trop tard. Sans doute la mise en place de l’histoire est-elle trop lente, ce qui semble paradoxal puisque le rythme de événements est sensé s’accélérer au fil des tomes.
Néanmoins, Bordage a plus d’un tour dans son sac et j’avoue qu’il m’a bien berné.

Hormis ces quelques bémols, le roman vaut le détour si l’on apprécie la plume de Bordage. L’action prend corps, et devient nettement plus prenante dans la seconde moitié du livre, avec en prime la description très réussie de la flore - l’étonnante forêt des arbres à sons sur la planète Faouk - et de l’exobiologie. L’on croise des créatures étranges, fascinantes, certaines terrifiantes, citons les Dragos ; les Drasars ; les Tayges ou encore les Orgonnes. Ce monde m’a fait penser à l’excellente série BD, Arq.
Soulignons également l’attachante humainité des deux protagonistes. En effet, tout deux ont des missions périlleuses, la survie de l’humanité est en jeu. Bordage aurait pu en faire des machines de guerre dénuées de sentiments. Ce n’est pas le cas. Leurs émotions leur jouent parfois des tours, sans pour autant les détourner de leur but. Et Silf et Ynolde trouveront des alliés afin de mener à bien leur noble tâche.

Ce tome est un ton en-dessous du précédent. Toutefois la seconde partie revigore le tout, couronné par un superbe coup de théâtre final.
Bordage sait accrocher le lecteur et l’embarquer dans son monde. Et il fait bon y voyager. Souhaitons-lui à présent de faire sauter la marmite galactique avec Frère Kalkin, prévu pour la fin de l’année 2009.

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