Auteur : Fabrice Colin
Titre : Sayonara baby
Parution : 2004
Editions L’Atalante
Première partie
Un homme amnésique est retenu par l’armée américaine dans un couvent en Californie. Apparemment en l’année 1967, période de la guerre du Vietnam. Il dit être un samouraï japonais mais est incapable, semble-t-il, de faire rejaillir ses souvenirs. Il prétend s’appeler Anami puis change fréquemment d’identité : Onishi, Yoshigiro… tant de noms de généraux japonais. Des bandages entourent son visage et une main. Le bandage autour de sa tête me fait penser entre autres au film « L’homme sans passé » du finlandais Aki Kaurismaki. Le lieutenant Fuller est persuadé qu’il dissimule des informations et l’emmène dans un laboratoire pour faire analyser ses rêves, rêves qui pourraient être le moyen par lequel le samouraï communique avec son chef et organise des attaques. Mais avant d’arriver sur les lieux, un sniper abat Fuller d’une balle dans la tête. Une bande à bord d’un van s’approche. On y trouve un mystérieux docteur Lazare, le sniper, une femme pulpeuse (qui serait sa sœur mais avec laquelle il baisera puisqu’elle prétendra ne pas l’être) et un homme au corps en partie artificiel. Ceux-ci affirment qu’il les connaît, hésite, puis opte de les suivre, n’ayant nulle part où aller. Estel l’appelle par son prénom, le vrai : Kenso.
Le samouraï aimerait qu’on le libère de câbles (invisibles). Ses libérateurs le contraignent à supprimer le message codé qui se trouve sous son bandage à la main. En le brûlant. Ensuite il s’enfuit avec Estel dans une course poursuite qui ne donne guère de pistes au lecteur.
Deuxième partie
On apprend que le samouraï Kenso/Kenneth tantôt Badway tantôt Awake est à la fac. Son père adoptif est un alcoolique et lui avoue que son vrai géniteur est un soldat japonais qui a violé sa mère. En outre, Kenso consulte un psychiatre pour ses maux de tête et un jour ce dernier lui dit : « certaines choses que tu croies réelles ne se sont peut-être jamais passées ailleurs que dans ton esprit » (p174) Notamment l’épisode d’une bagarre avec des individus louches.
Que penser aussi du fait que Kenso soit embauché à plein temps dans un aquarium pour nourrir seulement deux fois par jour trois requins et à la condition de passer le reste du temps à méditer sur un livre, le Hagakure ? Avec un salaire très (trop) généreux. Hors le père adoptif de Kenso affirme qu’il n’y a pas d’aquarium. N’est-il simplement pas au courant ou est-ce encore un épisode schizophrénique du jeune homme ?
Plus loin, Kenso s’interroge (ou est-ce l’auteur qui s’interroge lui-même sur la voie qu’empreinte son récit ?) sur la réalité qui lui échappe : « Qu’est-ce qui se passe, qu’est-ce qui est en train de se passer là, maintenant ? Image d’une limousine sans conducteur lancée à toute allure vers les montagnes, pas de frein, pas de volant, seulement la vitesse ». (p197) L’auteur, en fin d’ouvrage fait référence à David Lynch et au film Lost Highway. Ce passage fait penser à la scène du film dans laquelle la voiture erre à toute allure dans la nuit avec les traces des phares. Mais on pourrait aussi le rapprocher de la première scène de Mulholland drive avec la musique envoûtante. Cette voiture filmée la nuit, vue du haut et de derrière, suivit de l’accident.
Je m’arrête là et j’espère avoir attirer votre attention sur une œuvre qui sort des sentiers battus, qui prône plus la forme et l’expérimentation que l’histoire en elle-même. Sayonara baby est un roman puzzle qui sillonne dans les méandres torturés de l’âme d’un individu en quête d’identité ainsi que sur les ravages de la guerre.
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