lundi 6 juin 2011

La mémoire du vautour - Fabrice Colin

Auteur : Fabrice COLIN 
Titre : La mémoire du vautour 
Parution : 2007 
Editions : Au diable vauvert 



William Tyron (alias Bill), ancien membre du groupe de musique Informers qui s’est séparé, est contacté par une agence du nom de D-Member, pour le moins louche. Celle-ci prétend connaître sur le bout des doigts son profil psychologique qui sied parfaitement à la mission qu’elle va lui proposer : veiller sur Sarah Daniel Greaves, une ancienne GI victime d’un traumatisme et atteinte d’une leucémie. En échange d’une belle somme d’argent virée sur son compte, William accepte de s’occuper de la jeune femme. Mieux, il va en tomber amoureux. 

Des bribes de souvenirs rejaillissent de la mémoire de Sarah comme cet événement dans l’avion pour l’Indonésie. Ses patrons lui avaient fourni une mallette contenant un message qui affirmait que l’avion allait s’écraser. Elle tentera bien de convaincre l’équipage, peine perdue. L’avion se crashe, des corps déchiquetés, brisés, brûlés parsèment la forêt. C’est la seule rescapée. Agonisante, elle voit un vautour : « le vautour revient, mâchonnant un morceau de viande. Il mastique et avale, en me regardant droit dans les yeux ». Trois indigènes viendront la secourir et la ramène à leur village. 

Quelques pages plus loin nous sommes dans la peau d’un vautour. Mais pas n’importe lequel. LE vautour. Celui qui voulait se taper un bon repas. Dévorer Sarah « la femme vivante… j’aimerais la manger… elle essaie de se lever. Je dois partir. Elle veut me tuer… Je la laisse tranquille puis reviens. J’ai trouvé un petit morceau d’entrailles suspendu à un buisson. Il n’est pas facile à avaler… Le feu gagnait du terrain. L’homme était plusieurs. Il a emporté la femme ». 

Un peu plus loin nous croisons un drogué, puis sans crier gare dans la peau d’un requin bleu pour ensuite assister à la prise d’otages de deux femmes touristes hollandaises (la mère et sa fille). La mère va se faire violer puis assassiner par des pirates thaïs. L’un d’eux va retourner sa veste, tuer ses compagnons et prendre le large avec la fille. Etc. 



La lecture de ce roman est complexe. La narration est déstructurée, le style nerveux, alerte, efficace. Parfois à la limite du compréhensible. Roman à tiroirs, labyrinthique, expérimental. Enigmatique aussi de par l’étrangeté du professeur d’art schizophrène. On en vient à se demander si tout ce qui précède n’est pas un simulacre. 
En outre, comment interpréter la répétition du numéro 512 : comme le code de la mallette de Sarah dans l’avion, comme la chambre de l’hôpital de Nel en Inde, enfin comme le nombre de mails reçus par Narathan (le fils de Sarah) sur sa messagerie. 
Les personnages ont des liens, ils s’entrecroisent pour mieux se perdre. On pense avoir compris mais rapidement le doute s’installe, « et comme il ne pouvait répondre tout bascula dans le néant » (F’Murr).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire