mercredi 8 juin 2011

La voix du feu - Alan Moore

Auteur : Alan Moore
Titre : La voix du feu
Paru en 2008 aux éditions Calmann-Levy

Scénariste de génie des Watchmen, From hell, Promethea, V pour Vendetta et j’en passe, La voix du feu tient plus du recueil de nouvelles que d’un roman.


" Le monde est fait dans le feu, qui est par cela supérieur, et se termine dans le feu ".



Le cochon de Hob (4000 av J-C)

Suite au décès de sa mère, un simple d’esprit se voit rejeté par son clan. On le maltraite et le caillasse. Contraint de se débrouiller seul, apeuré, il trouve en une jeune " femme " assistance. Celle-ci soigne sa jambe blessée, le nourrit et éveillera sa sexualité. 

Ce récit expérimental est une véritable prouesse. L’auteur se met dans la peau d’un homme préhistorique, qui plus est attardé. Le vocabulaire est limité et la structure des phrases déroutante. Ce qui pose un problème évident de lecture. Une torture mentale, diront certains. La chute de ce texte est terrifiante.


Les champs de crémation (2500 av J-C)

Une femme doit se rendre au Vït-lage auprès de son père à la veille de la mort, afin de lui transmettre son savoir et ses biens. Pourtant le père l’avait abandonné au profit de son frère, qui fut à son tour rejeté. 

Un très beau texte original qui prend pour cadre la transmission d’une génération à une autre et la description du rite du village qu’est la nuit du cochon. 


Dans les terres inondées (43 ap J-C)

Un homme qui se déplace sur des échasses va pêcher pour nourrir sa famille. A son retour, tout son village a disparu. Pas l’ombre d’une trace. 

Récit cauchemardesque et intrigant avec une fin aussi déroutante qu’inattendue. Les interrogations du lecteur trouveront des réponses dans les nouvelles suivantes. 


La tête de Dioclétien (290 ap J-C)

Un romain constate l’affaiblissement de son empire lors de la pesée de la monnaie.

Un texte un peu fade qui manque d’épaisseur. Peut-être le moins bon.


Les saints de Novembre (1064 ap J-C)

Dans un couvent, une femme âgée est perturbée par des pensées malsaines. Elle demande qu’on la flagelle pour se purifier. Son frère qui devait faire un pèlerinage à Rome revient changé. Celui raconte son périple. Un ange ou une étrange créature l’a empêché de s’y rendre…

Encore une belle nouvelle au rythme palpitant qui lorgne du côté de l’horrifique.


En boîtant vers Jérusalem (1100 ap J-C)

Un vieillard boiteux au comportement infecte est de retour des croisades. Il fait bâtir une église et persiste a conserver un pilier doté d’un motif blasphématoire – un dragon diabolique – au grand désarroi du peuple. Des fragments de son périple refont surface.

Un texte poignant sur un homme sans doute ravagé par la guerre à tous les niveaux qui entraîne dans son sillage ses proches terrorisés vers les abîmes de l’âme.


Confessions d’un masque (1607 ap J-C)
Un martyr est cloué à la porte Nord d’une ville depuis maintenant deux ans pour avoir crier en public : " à bas le roi ". Il sera rejoint par un compagnon d’infortune.

Bien qu’étant fort drôle, le lecteur rit jaune à cette situation tragique qui reflète l’inhumanité dans toute sa splendeur. 


Le langage des anges (1618 ap J-C) 

On suit l’itinéraire d’un juge qui se rend à Kendal pour présider un procès. Son fils s’intéressait de près à l’alchimie, ce qui l’amena a rencontré un certain John Dee, qui avait la capacité de retranscrire les messages des anges. En chemin, le juge fait la connaissance de la veuve Deene et de sa fille Eleanor. Non indifférent au charme de la veuve, il se propose de leurs rendre visite à leur domicile. Il ne sera pas déçu du voyage. 

Ce texte est de bonne facture mais laisse quelque peu sur sa faim. C’est au moment où cela devenait le plus excitant qu’il opte pour la supposition et clôt le tout. Même si l’issue ne laisse planer aucun doute, on aurait aimé avoir plus de détails. 



Pour conclure

Le fils conducteur de ces douze textes est sa ville de Northampton d’une part et le feu d’autre part. On obtient des réponses à nos interrogations à propos d’un texte dans le ou les nouvelle(s) suivantes souvent en une phrase, d’où l’intérêt de ne pas zapper des paragraphes. 
Je ne saurai que recommander les romans de Gustav Meyrink, auteur qui excella dans le domaine de l’ésotérisme et qui sera un parfait prolongement si vous avez appréciés les textes concernés par le sujet. Excepté la première nouvelle qui en découragera assurément plus d’un, l’ensemble prouve, si besoin est, qu'Alan Moore ne brille pas uniquement en tant que scénariste.

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