jeudi 27 septembre 2012

Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage - L.C. Tyler



Auteur : L.C. Tyler (ANG)
Titre : Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage
Editions Sonatine
Parution : 2012 (VO, 2007)


Les éditions Sonatine ont souvent été associées à la découverte d'auteurs de polars, talentueux : Ellory, Pobi, Cleave, S. Stevens, entre autres. Cependant, je constate que depuis quelques temps, la qualité des publications baisse chez cet éditeur. Mon sentiment s'est renforcé avec ce titre très "tape à l'oeil" qui, s'il se lit plaisamment, ne restera pas gravé bien longtemps dans ma mémoire (hormis le titre).


Ecrivain sans grand talent, Ethelred Tressider publie sous trois pseudos des polars et des romans à l'eau de rose. Son agent, une vieille peau au caractère bien trempé, n'hésite pas à lui dire ses quatre vérités quant à la qualité de son oeuvre : "c'est de la merde !" Divorcé depuis plusieurs années, Ethelred apprend la disparition de son ex-femme. La piste du suicide est privilégiée car elle a laissé une lettre d'adieu dans sa voiture de location. Vous avez deviné de quelle voiture il s'agit.  Cependant, un élément sonne faux dans ce soi-disant suicide car son ex-épouse a extorqué de l'argent à plusieurs personnes de son entourage. Ethelred,  avec l'incitation de son agent, mène l'enquête à ses côtés. Quelques jours plus tard, l'écrivain apprend qu'un corps à été retrouvé, étranglé. Il se rend sur place pour l’authentification. Dans son esprit, aucun doute n'est possible...

Sans être particulièrement captivant, ce polar vaut surtout par le duo d'enquêteurs amateurs (agent/auteur de polars), avec cette vieille bique qui lui en fait voir de toutes les couleurs et ne le prend pas avec des pincettes. Cela à le mérite de le remuer, puisqu'il est blasé par la vie. Ajouté à cela que son inspiration est allée se faire foutre ces derniers temps, concernant l'écriture de son polar en cours.
Le livre manque de profondeur et d'ambition à mon goût, et plus gênant, j'ai compris assez vite plusieurs éléments clés, rendant le dénouement sans grande surprise. Je considère ce polar comme une lecture divertissante, de seconde zone. Sympathique, mais sans plus.


Ce polar est agréable à lire, mais il n'arrive pas au niveau des auteurs cités plus haut. Je doute qu'il satisfasse le plus grand nombre des lecteurs, puisque le sentiment du "Peut mieux faire !", l'emporte. Les éditions Sonatine sont-elles en perte de vitesse ? Nul doute que dernièrement, leurs choix sont moins inspirés. 

vendredi 14 septembre 2012

Soap apocryphe - Pacôme Thiellement



Auteur : Pacôme Thiellement (FRA)
Titre : Soap apocryphe
Editions Inculte
Parution : 2012


Pacôme Thiellement est un essayiste qui a écrit sur la musique (Zappa, Led Zeppelin), le cinéma (Lynch), la télévision (série Lost), entre autres choses. Avec "Soap apocryphe", il publie son premier roman dont l'aspect n'est pas sans rappeler le jouissif "Vies de saints" de Rodrigo Fresan. L'univers y est tout autant barré, et on se demande bien dans quoi on va se faire embarquer.


Leon Tzinmann et sa troupe forment une belle bande de vainqueurs. Ces étudiants bobos fiers de leur petite personne et de leurs connaissances se sont lancés un défi de taille à relever. A savoir, rééditer et augmenter le livre "Contre Clément" du gnostique Soruh d'Alexandrie, datant du Vè siècle, celui-ci narrant comment le christianisme supplanta la magie. Cet ouvrage sera "un antidote au dénigrement universel des hommes les uns par les autres". La thèse de cet hérétique consiste à affirmer que Jésus-Christ n'a sauvé qu'une partie de l'humanité (les élus), le reste (c'-à-d nous) aurait du être sauvé par Romuald, le frère jumeau du christ. Manque de bol, celui-ci décéda en couche. 
Leon s'est séparé (mais pas vraiment en fait) de l'actrice Pauline Jacques, qui va mener à bien une fracassante carrière politique. 

Mené sous une plume décalée et réjouissante, ce récit fantasque en met plein la tronche à tous ces connards incultes persuadés de détenir la Vérité, à l'instar du leader Léon, soucieux d'"imposer magiquement son existence au reste du monde." La religion d'une manière générale en prend pour son grade, entre les cathares, le gnosticisme, ou ce prêtre pédophile. Pour les amateurs de question métaphysique, Pacôme leur soumet la question suivante à méditer : "Est-ce que lorsque l'anti-âme se défragmente, l'âme, elle, s'unit ?" Quelques cocktails de vodka-fraise-kiwi seront probablement favorables à l'Illumination.
L'auteur fait également un clin d'oeil à P.K. Dick : "Est-ce que les androïdes vomissent de la bile électrique ?" et aux Beatles à travers deux sosies, etc.


Ce joyeux bordel qui ne se prend surtout pas au sérieux est un passage réussit pour l'auteur. Nous attendons au tournant le prochain roman de Thiellement, en souhaitant qu'il soit plus maîtrisé, disons à peine moins foutraque. En ces temps de morosité ambiante, "Soap apocryphe" fait du bien, et c'est déjà beaucoup.

lundi 10 septembre 2012

Satellite sisters - Maurice Dantec


Auteur : Maurice Dantec (FRA)
Titre : Satellite sisters
Editions Ring
Parution : 2012

Annoncé comme son roman le plus abouti, doté d'une superbe couverture de Liberatore, suite de Babylon Babies (mais pouvant se lire indépendamment), tous les ingrédients semblaient réunis pour le Grand Retour de Méta-Maurice. Le bide n'en est que plus retentissant.

Dantec s'est révélé au grand public avec "Les racines du mal" et a confirmé avec "Babylon babies". A partir de là, il commence à déjanter sévère avec "Villa vortex", compréhensible jusqu'à la 700ème page avant de basculer dans du grand portenawak. Son verbiage fumeux s'intensifie avec "Cosmos incorporated". "Grande jonction" marque un retour notable, tout comme son précédent "Métacortex" (que je n'ai pas encore lu).

De quoi parle "Satellite sisters" ? Heureusement que la quatrième de couverture est là pour nous le préciser, car je n'ai jamais rien lu d'aussi ardu/complexe/fumeux. Dantec assomme son lecteur de son (pseudo)savoir, à coups de vocabulaire scientifique et technique pointus, qui dessert l'écriture au lieu de la bonifier, rendant la lecture indigeste. Au milieu de ce méta-langage, de cette néonarration (suis-je en train de lire un livre-mutant ? Ce Livre utilisé comme Arme ?) enguirlandée de mots en Majuscules-Monde, des éléments se dégagent : une île sur laquelle une "surmachine naturelle, trinaire : cyborg/génétique-lumière/transtechnologies s'est upgradée elle-même" (c'est cool pour elle) ; une plante-Codex dont le développement cognitif évolue au contact des deux jumelles ; des bureaucrates scientifiques internationaux qui veulent créer un système de contrôle global neuro-implanté dans chaque être humain d'ici une quinzaine d'années ; la notion de singularité, c'-à-d que en deux mots la civilisation humaine connaîtra une croissance technologique d'un ordre supérieur (ex: les I.A.) ; ou encore Richard Branson et sa société de tourisme spatial, Virgin Galactic.

J'étais déterminé à aller jusqu'au bout mais ai finalement arrêté à moins de 250p. Sage décision. C'est une perte de temps. La schizonarration et son processus cosmonarratif m'ont laminé. Un personnage interroge un autre à ce propos : "Pourquoi et surtout comment la cosmonarration reste ouverte la plupart du temps mais se referme en cône rétrofuturiste par le Quadrant à des moments choisis ?" C'est vrai ça ! Pourquoi ? Hein, dis ?
Assembler une succession de mots complexes n'est pas synonyme de chef-d'oeuvre. C'est tellement froid que l'on a l'impression que c'est une machine pensante qui a écrit le texte. Les personnages n'ont pas l'ombre d'une épaisseur psychologique. Est-ce pour masquer son manque d'idées que Dantec s'est camouflé derrière cette écriture parasite ? Pour impressionner ? J'ose espérer que son nouvel éditeur avec lequel il a un contrat de dix ans, saura remettre sur de bons rails l'auteur, sans quoi il finira par perdre ses derniers adeptes.

Austère, quasiment illisible, dénué de sens romanesque, "Satellite sisters" se démarque de cette rentrée en s'affichant comme la plus belle fumisterie littéraire. A bon entendeur, salut !