dimanche 27 juillet 2014

Ascenseur pour l'échafaud - Noël Calef



Auteur : Noël Calef (FRA)
Titre : Ascenseur pour l'échafaud
Parution dans la collection LGF (2012)
Première parution : 1956


Imaginez devoir commettre un crime parfait pour vous acquitter d'une dette de quatre millions (d'anciens francs) auprès de votre usurier. Aucun détail ne vous échappe. Tout est méticuleusement préparé. Tout, excepté l'imprévisible !  A savoir tomber en panne dans un ascenseur et déclencher ainsi la foudre de votre femme obsessionnelle, convaincue que vous êtes parti avec une autre…


           
Julien Courtois, jeune patron séducteur d’une entreprise d’import-export ne s’attendait assurément pas à ce coup du sort au réveil de ce dernier jour avant le week-end. Week-end qu’il devait passer avec sa compagne Jeanne, une femme très anxieuse de perdre son grand amour qu’elle n’ignore pas coureur de jupons. A 18h, celui-ci lui fixa depuis son lieu de travail un rendez-vous dans une demi-heure, ce laps de temps lui permettant tout juste de maquiller en suicide l’assassinat de son prêteur sur garantie. N’ayant pas rejoint son épouse, elle commence à s’inquiéter et s’imagine le pire, persuadée d’avoir vue une autre femme à bord de la voiture de Julien… Or, le couple en question venait de voler le véhicule, tandis que Julien Courtois remontait à son bureau effacer les derniers indices. Jeanne perd complètement la tête, devient presque folle. Elle se réfugie chez son frère, décidée à remuer ciel et terre pour le retrouver, signale sa disparition à la police, tout en élaborant sa vengeance…


L’histoire habilement construite alterne entre des chassés-croisés qui prennent sens de manière progressive, qui sont autant de pièces d’un puzzle s’emboîtant à la perfection. La psychologie des personnages joue un rôle déterminant de par la finesse de leur analyse. Peu avare en rebondissements, l’auteur maintient en haleine le lecteur jusqu’au dénouement final aussi narquois que jubilatoire.



Essentiellement connu par l’adaptation cinématographique  de Louis Malle, autrement moins jouissive, ce polar magistral se lit avec délectation. N’ayons pas peur des mots,  il s’agit là d’un véritable chef-d’œuvre !


mercredi 23 juillet 2014

L'évasion de five shadows - Elmore Leonard






Auteur : Elmore Leonard (USA)
Titre : L’évasion de Five shadows
Editions Rivages
Parution : 2003 (VO, 1956)



            Elmore Leonard, scénariste et romancier américain doté d’une bibliographie dépassant les cinquante livres, a vu plusieurs de ses œuvres portées à l’écran parmi lesquelles Punch créole de Tarantino sous le titre Jackie Brown, Hombre avec Paul Newman, Valdez avec Burt Lancaster ou encore 3h10 pour Yuma de James Mangold. Il débuta sa carrière littéraire au début des années 50 avec des westerns, parmi lesquels L’évasion de five shadows.


            Redoutable camp de travaux forcés, Five shadows se caractérise par l’impossibilité de s’en évader. Le directeur Frank Renda, une véritable crapule, dispose de guides indiens Apaches (les Mimbres) afin de pourchasser les audacieux. Corey Bowen a pu le constater par lui-même, après sa tentative avortée. L’impitoyable directeur décide alors de mettre les points sur les i et menace ouvertement de mort quiconque essaiera de quitter cet endroit.
            Les prisonniers ont pour tâche de déterrer des souches d’arbres pour la construction d’une route, sous un soleil de plomb ainsi que de dynamiter des roches sur leur passage. Renda en profite pour ralentir les travaux tout en traitant les condamnés plus bas que du bétail, tout cela afin de s’en mettre plein les poches.
            Malgré le décès d’un détenu abattu, Bowen ne baisse pas les bras et élabore un plan d’évasion. Bien que son procès soit potentiellement en mesure d’être révisé, la soif de liberté prend le dessus…


            Elmore Leonard propose un récit très visuel, avec des paysages magnifiquement décrits, l’omniprésence de la poussière et une chaleur suffocante, ainsi que les conditions de vie miséreuse imposées au camp de détention. L’auteur questionne également la crédibilité de la justice, dénonce la corruption et les comportements infâmes ou encore l’espoir qui maintient chaque être à flot afin de ne pas basculer dans la folie. A noter également que les femmes ont un vrai poids dans l’histoire et ne sont pas comme souvent dans les westerns des faire-valoir ou des filles de joie.



            Ce troisième roman de Leonard montre déjà une grande maîtrise stylistique et une habile élaboration du récit qui se lit avec plaisir. Il souffre cependant par moments de quelques maladresses mais celles-ci ne gâchent pas son déroulement. Comme on dit dans le jargon : Bonne pioche !

dimanche 20 juillet 2014

Sans espoir de retour - David Goodis





Auteur : David Goodis (USA)
Titre : Sans espoir de retour
Collection Folio policier
Paru en 1999 (1954 pour la VO)




Grand auteur de polars américain, David Goodis n’a cessé d’imprégner son œuvre d’un malaise existentiel, en mettant en lumière des individus à la dérive dont le sort s’acharne sur eux, les rongeant jusqu’à l’os. Publié en 1954, « Sans espoir de retour » ne déroge pas à la règle avec un titre qui annonce clairement la couleur. Un récit dur et poignant qui vous prend aux tripes.


Los Angeles, dans le quartier de Skid row, River street est fortement déconseillé aux aventureux ou aux inconscients, et pour cause, on l’appelle l’Enfer ! Dans ce quartier vit Whitey, un sdf de 33 ans. Cet homme est un individu à part, au passé trouble. Sa voix éraillée, à peine audible, se matérialisant par de rauques chuchotements intrigue beaucoup, en premier lieu ses deux compagnons d’infortune. Mais inlassablement il rétorque que c’est en raison de son gosier sec. Bien évidemment, les rares fois où il peut se le rincer n’y changent rien. Un autre détail physique dénote un être touché profondément. En effet, bien que très jeune, sa chevelure est entièrement blanche. Il semble s’être retiré de ce monde, dans un coin à lui, et demeure une énigme.
Une nuit alors qu’il erre dans la rue, Whitey tombe sur un flic qui vient de se faire agresser. Couvert de sang en tentant de lui porter secours, il se fait inculper en flagrant délit de… meurtre. Clamant son innocence, le combat s’avère perdu d’avance. Mais un embrouillamini au commissariat lui permet de prendre la poudre d’escampette. Les ennuis ne sont pas pour autant terminés…



David Goodis brosse le portrait d’un homme acculé d’une souffrance innommable, qui se révélera d’autant plus sidérante lorsque l’on connaîtra quel mal l’a frappé. Il nous entraine également au cœur d’un conflit racial avec l’augmentation des émeutes. Chaque jour qui passe rapproche l’implosion de l’Enfer, n’épargnant personne. Dénouer les intrigues sous-jacentes permettra d’y comprendre davantage au cœur de ce chaos exponentiel. Véritable coup de poing à l’estomac, ce polar émouvant et dramatique est une petite merveille à ne pas manquer.