Auteur : James Graham Ballard (ANG)
Titre : L'île de béton
Réédition en Livre de poche
Parution : 1979 (VO, 1974)
Publié à la fin des années 70, "L'île de béton" fait partie de la trilogie de béton, au côté de "Crash" et de "I.G.H". Chaque roman peut se lire indépendamment. Ballard y évoque la violence urbaine et son abhorration des voitures.
A Londres, suite à un excès de vitesse, un homme nommé Maitland fait une sortie de la route. Sa jaguar gît défoncée une dizaine de mètres en bas d'un talus, derrière un remblai. Il s'en tire avec quelques commotions. Dans ce trou, l'individu constate qu'il est tombé dans "une sorte d'îlot triangulaire, long de deux cents mètres environ, terrain vague entre trois voies convergentes." Il agite son imper en direction des bretelles pour signaler sa présence, "mais les conducteurs n'avaient d'yeux que pour les panneaux indicateurs et la jonction du périphérique." L'indifférence à son égard de "ce torrent de métal" l'agace. Il grimpe péniblement jusqu'à la barrière de sécurité, mais le flot incessant dans cette voie rapide n'autorisait aucun arrêt, beaucoup trop dangereux. Les "avertisseurs hurlaient" leur furiosité et l'imprudence de cet aventureux piéton. Quelques minutes plus tard, il se fait renversé par un chauffard à la sortie du tunnel, ce dernier n'ayant pas allumé ses phares. Maitland est éjecté de nouveau en bas du trou. Retour à la case départ, cette fois-ci sérieusement touché : "son corps s'était transformé en une mappe-monde de blessures". Pour tenir le coup, il pense à sa femme et à son fils. Quelqu'un va bien finir par le repérer, et la police va être à sa recherche. Quelques heures plus tard, il se réveille en compagnie de deux personnes. Il se dit alors qu'il est sauvé. Un clochard d'une cinquantaine année à moitié aveugle, pas bien malin, et une femme s'occupe de ces blessures. Au désespoir de Maitland, il n'est pas encore tiré d'affaire, car l'évasion de cette île de malheur n'est pas dans leurs projets.
Ballard a en horreur les voitures. La circulation en constante augmentation est, à ses yeux, un véritable fléau : "le bourdonnement continu des moteurs imposait sa présence menaçante, et en même temps vaguement rassurante, comme la bande sonore d'un cauchemar familier". L'auteur pointe également l'égoïsme des habitants des villes, ceux-ci n'ayant que faire du malheur d'autrui. Ce clochard simplet en est un exemple frappant, lui qui refuse de quitter ce petit îlot, son seul refuge, dissimulé au "centre de la ville qui l'aliénait". Lui qui a effacé le message d'appel au secours de l'accidenté, car il ne sait ni lire ni écrire, et par conséquent craint le pouvoir des mots. Lorsque Maitland lui tend un billet, le pauvre homme ne sait même pas comment le prendre, car "les gens ne lui ont jamais rien donné, que de la merde". Cet enfermement forcé de Maitland lui donne aussi le temps de réfléchir sur sa vie. La fin poignante du roman laisse planer une part de doute.
Avec "L'île de béton", Ballard a écrit un roman brillant et réfléchit sur l'évolution de notre société. Sa vision implacable, pessimiste, laisse un impact durable dans l'esprit du lecteur. Signalons enfin que cette oeuvre forte mériterait amplement une réédition en poche.
Avec "L'île de béton", Ballard a écrit un roman brillant et réfléchit sur l'évolution de notre société. Sa vision implacable, pessimiste, laisse un impact durable dans l'esprit du lecteur. Signalons enfin que cette oeuvre forte mériterait amplement une réédition en poche.
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