dimanche 11 novembre 2012

Le bacille - Arnould Galopin



Auteur : Arnould Galopin (FRA)
Titre : Le bacille
Editions L'arbre vengeur
Parution : 2008 (première édition, 1928)


Petit trésor de la fin des années 20 injustement oublié, "Le bacille" allie enquête policière et récit d'anticipation avec brio. L'auteur publia aussi bien des romans pour la jeunesse que des récits de science-fiction et des polars. Il créa le personnage de Ténébras (rival de Fantomas) et fut l'un des premiers à faire un pastiche de Sherlock Holmes dans "L'homme au complet gris".


Dans la ville de Montrouge, un professeur à la Sorbonne (le bactériologiste M. Procas) créer l'émulation chez les femmes, qui assistent en grand nombre à ses cours, essentiellement pour son physique. Lui reste indifférent aux nombreuses avances, en raison d'une nature introvertie. Mais une belle américaine parvient à le séduire. Tout se déroule à merveille jusqu'au jour où il découvre qu'elle le trompe. Une violente émotion provoque sa maladie. En effet, il devient entièrement bleu et ses yeux sont jaunes. Contraint de sortir camouflé, il se sent impuissant et pitoyable, songeant même au suicide. Au début les habitants de son quartier éprouvent de la pitié envers le malheureux, avant que se déchaîne un climat d'une rare férocité puisqu'on le soupçonne d'avoir assassiné un petit garçon qui a disparu. Tout en poursuivant ses recherches scientifiques dans son laboratoire - sa seule raison d'être avec son chien pour unique compagnon - "il éprouvait maintenant pour l'humanité un profond dégoût." Lorsqu'un jour il retrouve dans un ruisseau son chien, la tête écrabouillée, sa haine prend une telle ampleur qu'il ne veut plus qu'une chose. Se venger.

"Le bacille" jongle tout autant sur l'aspect policier, où les habitants se chargent d'épier le supposé criminel nuit et jour, puisque la police estime que les preuves sont insuffisantes. En plus de l'injurier, de le menacer, les commerçants s'allient aussi en ne lui vendant que de l'alimentation de piètre qualité (pour ceux qui daignent encore le servir). L'ancien professeur en souffre terriblement, se terre à son domicile, ne comprenant pas ce qu'on lui reproche, hormis sa monstruosité physique. L'auteur tacle avec virulence le comportement de certains êtres humains, en montrant que le véritable Mal ne se cache pas toujours là où on le croit. Quant-à l'aspect anticipation, il se manifeste dans la dernière partie lorsque Procas cherche un moyen de leur faire payer cette déferlante de haine, ajouté au meurtre de son chien. Le dénouement logique mais tragique est assez poignant.


Replacé dans son contexte, "Le bacille" est un excellent roman qui évoque le bioterrorisme via une intrigue policière. Une fois la lecture entamée, il est difficile de le lâcher tant il est prenant. On espère que cette réédition bienvenue en amènera d'autres.

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