dimanche 27 mai 2012

La reine des pommes - Chester Himes


Auteur : Chester Himes (USA)
Titre : La reine des pommes
Editions Folio policier
Parution : 1999 (VO, 1958)

Première enquête des deux flics de Harlem, Ed Cercueil et le Fossoyeur Jones, "La reine des pommes" (publiée en 1958) marque le début d'une série dont la plupart des titres sont devenus cultes.


A Harlem, la violence baigne dans la vie quotidienne. La misère jouxte la prostitution, la délinquance et les criminels en tous genres. Dès qu'une fusillade se fait entendre, les gens sortent illico de leur plumard en pyjama pour ne pas manquer une miette, semblables à des vautours venant se remplir la panse. Car chacun d'eux sait pertinemment que tôt ou tard, ils seront tous bons pour "le fourgon du Seigneur".
Jackson, un black de 28 balais, de petite taille et d'allure enveloppée, se fait appeler "La reine des pommes". Ce gentil criminel vient de se faire entuber par de faux monnayeurs qui prétendaient pouvoir fabriquer des billets de 100 dollars, payés 10 dollars. Un flic (qui s’avérera être un faux) débarque au même moment. C'est la panique. Les trois roublards prennent la tangente, tandis que Jackson se fait pincer. Il négocie sa liberté contre 200 fafs (billets de banque). Notre bonhomme ne les possède pas puisque toutes ses économies viennent de disparaître lors de l'arnaque. Il se rend donc en douce chez son boss aux pompes funèbres, se promettant de le rembourser dès que possible. La suite ne se déroule pas tout à fait selon son plan...


L'intrigue, rondement menée, vaut pour le rythme entraînant du récit, qui allie humour ravageur et des moments très violents (en particulier lors des meurtres), à l'image du quartier  ; pour sa langue (le parlé fruste de Harlem) aussi incisive que pétulante et drôle ; ainsi que pour ses personnages : Johnson qui a une foi en Dieu inébranlable et n'hésite pas à se rendre chez son pasteur au moindre pépin ; sa poulette qui le mène en bateau mais celui-ci n'y voit que du feu, aveuglé par l'amour ; que dire encore de son taré de frangin qui se déguise en bonne soeur et lui témoigne son affection d'une façon profondément poétique, "Saloperie de nègre, si t'étais pas mon frère, je te descendrais". Et bien entendu, les deux flics blacks, Cercueil et Fossoyeur, qui usent de la violence pour se faire respecter. Car cet endroit très sensible n'épargne rien à personne : "Les gens d'ici, ça volerait ses yeux à un aveugle". On sort de ces vicissitudes le sourire aux lèvres, en ayant le sentiment d'avoir passé un excellent moment.


Dans "La reine des pommes", Chester Himes joue avec nos émotions. Il nous fait tantôt sourire, tantôt nous serre le coeur et les tripes, jonglant habilement entre les deux. Qualifier ce polar de classique coule de source une fois le livre refermé. Car c'est du lourd. Alors pour ceux qui ne l'ont pas encore lu, foncez à toute berzingue chez votre libraire préféré, et en chantant, s'il vous plaît !

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