jeudi 24 mai 2012

Requins d'eau douce - Heinrich Steinfest



Auteur : Heinrich Steinfest (Autriche)
Titre : Requins d'eau douce
Editions Carnets Nord
Parution : 2011 (VO, 2004)


"Requins d'eau douce" est une enquête de l'inspecteur Lukastik, auréolé de quatre prix du polar en Allemagne. Disons-le d'emblée, ce livre m'a globalement profondément ennuyé, et ce n'est pas faute d'avoir tenté de l'apprivoiser. Paraît-il que l'autre tome traduit, qui s'appelle "Le onzième pion", vaut la peine de s'y plonger. Sans fermer la porte définitivement à Steinfest, ce présent polar n'a assurément pas marqué des points dans mon esprit.


Histoire d'un ennui, donc. Ennui comme les 100 premières pages dont la ténacité de votre hôte n'a pas fait lâcher le morceau. De quoi s'agit-il ? D'un cadavre dans une piscine, retrouvé à moitié bouffé par un requin (ou une ingénieuse imitation). Toujours est-il que la bestiole n'est plus dans le bassin, et qu'alentour dans la ville viennoise, rien n'est susceptible d'en héberger, si ce n'est de manière clandestine. Intervient en piste l'inspecteur Lukastik, 47 ans, vivant depuis trois ans à nouveau chez papa-maman, sans oublier la soeur. Il a pour habitude de ne pas louper le repas familial de 19h. Il se plait à rouler en mustang (la classe !) et ne sort jamais sans son livre de chevet, le Tractatus de Wittgenstein. Cela tourne en rond (comme dans un bocal, ohoh !) avant d'entamer une orientation autrement plus intéressante et intrigante avec l'identité du corps, un certain Oborin, qui en plus d'avoir été un plongeur, pratiquait la graphologie. En effet, il analysait aussi bien les écritures des gens de son quotidien, que des manuscrits du Moyen-Age dans un couvent. Là, on se dit qu'on part dans la découverte de choses interdites en rapport avec l'Eglise ou que sais-je. Mais non, cette possibilité est vite laissée de côté pour revenir à l'enquête. Bien que le reste du livre ne soit pas complètement insipide, on tourne les pages avec un bâillement qui en dit long. C'est quand la fin ? ...

Tout n'est pas pour autant à jeter au feu. Les réflexions proposées par la lecture du livre de philosophie de Wittgenstein donne de l’attrait, trop rare hélas, à la démarche du policier. Deux ex. illustrent assez bien cette idée : "Nous devrions pouvoir penser ce qui ne se laisse pas penser" ainsi que celle-ci : "Fondamentalement, c'était la vie non vécue qui importait, qui constituait la véritable vie. Que chaque être se distinguait par les choses qu'il ne faisait pas. Et que donc la valeur de l'individualité, son caractère, sa personnalité ne s'exprimait que dans l'abstention". L'inspecteur est aussi attachant, avec sa routine familiale, ses prises de bec avec sa soeur, son absence d'humour, le fait qu'il ne porte pas de gants sur les scènes de crime et ne porte pas non plus d'arme en raison de son extrême lenteur. Ces quelques points positifs sont insuffisants pour relever le tout. Ne dit-on pas que certains livres sont faits pour vous et que d'autres non ? Sans l'ombre d'une hésitation, celui-ci tape dans la seconde catégorie. D'autres personnes ont apprécié le livre, comme quoi il faut de tout pour faire un monde. Et encore heureux, sans quoi, on se ferait vite chier comme des rats morts.

Pour conclure, si cela ne tenait qu'à moi je vous inciterais à passer votre chemin fissa, toutefois n'ayant pas le monopole du bon goût, c'est peut-être moi qui vient de commettre une faute, en n'appréciant pas à sa juste valeur ce "Requins d'eau douce". Au moins, vous êtes prévenu !

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