Auteur : Merlin Coverley (ANG)
Titre : Psychogéographie
Paru aux Moutons électriques en 2011
Libraire et auteur de plusieurs ouvrages sur Londres, l'anglais Merlin Coverley publie cet essai sur la psychogéographie, augmenté sous la direction de A-F Ruaud. L'ouvrage, dotées d'une superbe couverture et de photographies, se parcoure avec délectation, tout en apportant un bel éclairage sur ce terme, à travers une sélection d'oeuvres non exhaustives.
Le terme "psychogéographie" s'origine au Paris des années 50 et au mouvement lettriste (créé en 1945 par Isidore Isou. Dit rapidement, il se concentre sur la musicalité et la poétique des mots). La psychogéographie est "un moyen d'explorer l'impact de l'espace urbain sur le comportement" des individus. En effet, la marche urbaine est devenue dans les cités de plus en plus hostiles aux piétons, privilégiant la voiture, le bus ou le tramway. En ce sens, l'acte de marcher s'associe, nous dit l'auteur, avec l'idée de la contestation de l'autorité, le promeneur pouvant s'aventurer dans les zones marginales ou oubliées.
Le premier écrivain à faire de la psychogéographie se nomme Daniel Defoe, auteur du célèbre "Robinson Crusoé". Le nom de Robinson sera d'ailleurs repris à plusieurs reprises dans la littérature. Quant au "parrain" de ce terme, il s'agit de William Blake dont la ville londonienne imprègne son oeuvre : "La transformation du décor familier de son époque en l'image transcendante d'une cité éternelle".
L'ouvrage aborde par la suite, entre autres, le surréalisme via André Breton et Aragon ; les poètes tels Fargue, Robert Giraud, Jacques Réda ou encore Yonnet ; les situationnistes Debord et Vaneigem ; la science-fiction avec le grand J.G. Ballard pour sa trilogie de béton, Fritz Leiber, John Brunner, mais aussi trois auteures non traduites que sont Pat Murphy (The city, not long after), Michaela Roessner (Vanishing point) et Lisa Goldstein (A mask for the general). En littérature, on retiendra l'énigmatique "Voyage autour de ma chambre" de Xavier de Maistre (que je me suis empressé d'acquérir) et le labyrinthique "London orbital" de Iain Sinclair (qu'il faudra que je lise avant de mourir).
En refermant ce livre, on ressort avec une envie folle de marcher, de flâner, d'errer, de robinsonner. Pour reprendre les propos de Thierry Davila, "la marche est une avancée vers l'inconnu, l'inexpérimenté, l'inhabité ; la marche suit le cours de l'expérience." D'autres lectures viennent s'ajouter également, attisées par la curiosité et le désir de lire d'un point de vue nécessairement... psychogéographique. En somme, une réussite !
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