mardi 8 novembre 2011

Op Oloop - Juan Filloy

Auteur : Juan Filloy (Argentine)
Titre : Op Oloop
Editions Toussaint Louverture
Paru en 2011 (VO, 1934)


La reconnaissance de Juan Filloy - qui vécut 106 ans - s'est accentuée depuis quelques années en Argentine. On le compare à un certain Borges. "Op Oloop" est sa première oeuvre traduite dans nos contrées.


La vie de Op Oloop (un statisticien finnois) est organisée comme une équation mathématique. Il lui est a priori impossible d'aller à l'encontre de sa routine. Sa demeure s'apparente à "un agenda vivant, un centre d'archivage, un empire du pense bête". Mais un accident de la route va tout remettre en cause. Dès lors, son comportement va sensiblement changer. Cependant, Op Oloop sait très bien comment il est, et il pense que sa folie n'appartient qu'à lui, qu'elle est "d'un genre unique qui n'a pas encore été répertorié". Les autres ont la vision obstruée par leur brouillard quotidien. L'occasion pour lui de mettre en lumière les vices de ses congénères, ce qui ne manquera pas d'en désarçonner plus d'un...


Difficile de parler de cet O.L.N.I. La première idée qu'il m'en vient, met en évidence son côté déjanté, l'auteur évoquant l'amour, la religion, la société, par ex., le tout avec des tournures volontiers ironiques et satiriques. "Op Oloop" n'est pas sans rappeller "Vie de saints" de Rodrigo Fresan (un autre argentin, décidément), dans le sens où c'est super fun à lire, on se marre, on sourit, mais on a du mal à voir où Filloy a voulu en venir. On pourrait dire au sujet du roman, cette phrase dont elle est issue : "Son délire crépitait dans les vortex du songe". C'est une expérience déroutante qui plaira à ceux qui n'ont pas peur de sortir du confort des romans linéaires traditionnels. En somme, soit ça passe et vous vous dîtes "ce type est génial", soit vous vous arrêtez à la p10 et vous priez pour l'âme du dément.


"Op Oloop" oscille donc entre d'un côté le côté jubilatoire de l'écriture et sa vision sardonique de la vie et de la société, et de l'autre côté le sentiment d'avoir par moments été égarés, en se demandant où tout cela allait nous conduire. Une chose est sûre, si un autre Filloy venait à débarquer en France, nous poursuivrons l'aventure, car celui-ci a eu le mérite de nous titiller, avec un goût de reviens-y !

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